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5 avril 2014 6 05 /04 /avril /2014 14:25

 

 

 

Elric

 

 

Ecrit par Michael Moorcock

 

Publié aux éditions Pocket, collection Science-fiction

Poche, 640 pages - 12,80 €

 

 

 

 

 

 

 

 

(Résumé personnel)

 

Ce premier tome de l'intégrale du cycle d'Elric se compose des trois premiers tomes de la saga d'Héroic Fantasy écrite par Michael Moorcock : Elric des dragons, La Forteresse de la perle et Les Navigateurs sur les mers du destin.

 

Elric des dragons présente brillamment le personnage d'Elric, dernier empereur d'une race différente des hommes : les Melnibonéens. Ces êtres, hautement civilisés bien que cannibales, aiment le luxe tout autant que la torture ; régis par des pensées égoïstes, ils prennent plaisir à dominer les autres royaumes et à infliger d'atroces souffrances à autrui. Leur monde se résume au royaume de Melniboné, une île sur laquelle vivent des dragons asservis – bien qu'actuellement profondément endormis, car la majestueuse Melniboné dépérit. Le jeune empereur Elric, prince albinos au sang faible, ne survit que grâce à des potions et des herbes médicinales ; grand sorcier, il est surtout un grand érudit qui passa sa jeunesse dans les livres et grimoires à apprendre ce que ses ancêtres méprisaient : la justice. Voici donc un jeune homme triste car condamné à diriger avec terreur et autorité ses semblables alors qu'il ne rêve que d'équité, de justice et de générosité. Torturé par ses pensées contradictoires, déchiré entre son devoir et ses passions, Elric souffre et s'enferme dans les songes alors que son cousin Yyrkoon enrage de subir le joug d'un empereur si faible et incapable de reconquérir le monde pour offrir une gloire nouvelle à l'île aux dragons.

 

Alors qu'une fois de plus Elric essuie une provocation verbale de son cousin, des espions pirates sont capturés : leur torture révèle qu'une attaque ennemie aura prochainement lieu. Les plans de défense se décident, Elric revêt son armure et prend le commandement de sa flotte : quelques heures de combats bien menés et la victoire est remportée par les Melnibonéens. Cependant, alors que le vaisseau amiral poursuit un bateau pirate en fuite, Yyrkoon profite de la faiblesse d'Elric pour le jeter par dessus bord, affaiblit par des heures de combats et alourdit par son armure dorée. Elric se noie, Yyrkoon est proclamé nouvel empereur de Melniboné et se dirige fièrement vers le trône de Rubis. Mais voici qu'une ombre y est assise : Elric ! Alors que Yyrkoon implore la miséricorde de son empereur, maudissant le royal sorcier pour sa force d'esprit et son incommensurable savoir des incantations adressées aux esprits des eaux, le vil cousin parvient à s'échapper et emporte avec lui sa sœur Cymoril, amante et confidente de l'empereur. Elric, prisonnier d'un sortilège, se lance à leur poursuite trop tard : leur piste est hélas perdue. Les mois passent et l'inquiétude grandit, car Yyrkoon demeure introuvable. Elric prend alors une décision qui changera le cours de son existence : acceptant enfin d'utiliser sa puissante sorcellerie pour servir ses intérêts, il invoque un démon Seigneur du Chaos, Arioch, et accepte d'en devenir l'esclave en échange de son aide.

 

Ce pacte marque le début des aventures d'Elric : car s'il parvient à retrouver Cymoril, sa véritable quête ne fait que commencer et un fabuleux destin l'attend au-delà des mers et des frontières. Elric devra affronter bien des dangers dans son monde mais également dans d'autres dimensions et d'autres réalités, au-delà des rêves et des songes les plus profonds. Ses rencontres et découvertes lui permettront-elles à son retour d'endosser son rôle d'empereur ? De comprendre sa différence et de l'accepter ? Trouvera-t-il enfin la paix et la tranquillité de l'âme ?

Accompagner Elric dans sa quête de savoir et de justice, c'est partir à la découverte d'une multitude d'univers différents – et se surprendre dans un imaginaire profond et unique.

 

« [Il] courait le monde, refusait le pouvoir qui était le sien, risquait sa vie, sa raison, son amour et tout ce qui comptait pour lui, estimant que l'existence ne valait pas la peine d'être vécue sinon dans une périlleuse quête de savoir et de justice. »

 

Je rédige cette chronique des premiers tomes d'Elric, cycle d'héroïque fantasy non seulement très connu, mais surtout très apprécié et respecté des passionnés de ce type d'univers, en véritable profane du genre. Ainsi, j'ai lu ce premier tome de l'intégrale sans moyen de comparaison et sans exigence particulière, bien que je m'attendais sincèrement à un sentiment d'ennui, car sans m'y être réellement engagée, j'ai déjà abordé la Fantasy et l'avait trouvé fade, trop sanglante et invraisemblable – ces héros qui survivent toujours, à peine égratignés, ces ténébreux que même les cicatrices ne peuvent enlaidir – pour y prendre goût. Je suis plus que probablement une lectrice exigeante : si l'imaginaire peut m'émerveiller, il doit être soigné dans les moindres détails afin que je puisse y adhérer sans réserve.

Incroyablement, Elric a su me convaincre. Une semaine durant, j'ai accompagné cet empereur aux yeux tristes dans ses quêtes et me suis laissée emportée par sa personnalité complexe ainsi que par ses idéaux. Les descriptions physiques font de lui un personnage ni laid ni beau, agréablement hors normes, doté d'une physique à l'aspect fragile et d'une étrange blancheur : ce n'est donc pas son corps, mais sa personnalité qui séduit au fil des pages. Courageux, généreux, assoiffé de justice et de connaissances, il aimerait refuser le pouvoir de sa lignée pour se consacrer à ses passions et donner corps aux valeurs qu'il défend ; cependant, que l'on ne s'y trompe pas : loin d'être pacifique, combattre est son art et son plaisir, et cette soif de victoire, de sang et de vengeance le place sur un pied d'égalité avec les autres hommes. Aussi, Elric n'est pas à placer sur un piédestal, et s'il mérite son titre de héros, c'est qu'au fur et à mesure de ses rencontres il parvient à mettre ses plus vifs désirs au repos pour aider ses nouveaux compagnons dans des quêtes incertaines et souvent dangereuses.

 

"Le pouvoir est, je pense, une habitude aussi terrible que cette potion qu'il me faut à présent prendre pour survivre. Il se nourrit de lui-même. C'est un animal affamé, dévorant et ceux qui le convoitent et ceux qui le haissent...allant jusqu'à dévorer ceux qui le détiennent."

 

Voici donc un jeune empereur maladif et plongé dans des pensées tumultueuses, curieux dilemme qui l'empêche de vivre et de diriger son empire, soudainement happé par un destin inattendu qui l'invite à parcourir le monde. Cependant, dans sa quête de valeurs perdues, dans sa recherche d'une justice différente et peut-être meilleure, c'est lui-même qu'Elric va découvrir et apprendre à connaître. Ainsi, ces trois premiers tomes me semblent les prémices d'un roman d'apprentissage dirigé avec intelligence : l'empereur progresse dans sa quête et chaque tome offre son lot de pensées philosophiques, de réflexions sur l'humanité, de découvertes et de déceptions. C'est donc une lecture très vivante et qui, malgré qu'elle soit riche en aventures, en rencontres, en batailles et en mystères, permet des remises en questions et une certaine réflexion intellectuelle.

 

"Le soleil n'avait pas jeté ses derniers rayons que la lune se levait, sa pâleur d'argent nuancée de rose, pareille à l'orient de quelque perle rare, alors qu'ils atteignaient dans la Piste Rouge un haut de côte où leurs regards plongeaient sur des feux. Un millier de foyers peut-être, et autant de vastes tentes éparpillées entre eux et découpant leurs silhouettes, posées sur le sable tels des insectes aux ailes déployées pour capter l'ultime chaleur émanant des cieux. A l'intérieur de ces tentes brûlaient des lampes ; hommes, femmes et enfants entraient et sortaient évoluant de l'une à l'autre. Une délicieuse odeur mêlée d'herbes et d'épices, de légumes et de viande montait vers eux cependant que la douce fumée des feux s'élevait en plein ciel par-dessus les énormes rochers couronnés par la Kasbah Moulor Ka Riiz, donjon qu'entourait un amas de bâtiments - d'une extraordinaire ingéniosité architecturale pour certains - l'ensemble étant ceinturé d'une muraille crénelée, irrégulière mais tout aussi massive. Du même rouge que la pierre qui la portait, la citadelle semblait une plante issue des dunes environnantes."

 

Michael Moorcock place Elric dans notre ancien monde, ce qui permet, lorsque ce dernier se promène dans les Jeunes Royaumes alentours, navigue sur les océans ou traverse des déserts, d'offrir aux lecteurs des descriptions familières et authentiques qui permettent de s'attacher facilement au récit. Cependant, le talentueux écrivain parvient à contourner le tracé des cartes afin de développer un imaginaire très complexe : s'appuyant sur le pouvoir des rêves et le mélange des mythologies, il parvient à donner une place vraisemblable aux fantômes, dieux, démons et autres créatures surnaturelles. La belle maîtrise de cet imaginaire est très agréable et la plume délicate de Michael Moorcock raconte avec finesse ces univers que de nombreux dialoguent viennent enrichir ; ainsi, malgré l'apparente complexité de ces lieux et noms inventés de toutes pièces, pas une seule fois je ne me suis sentie perdue dans ce flot d'inventivité.

 

Unique faiblesse de ce passionnant récit : une plume inégale et qui offre à lire certaines lourdeurs. Cependant, la traduction dessert peut-être la plume de l'auteur : en effet, j'ai enchaîné la lecture de ces trois tomes - dont le premier a été traduit par Daphné Hali, le deuxième par Gérard Lebec et le troisième par Georges W. Barlow – et j'ai ressenti une réelle différence dans le style de l'écriture ainsi que dans le choix du vocabulaire. Le premier tome m'a semblé dynamique dans les descriptions, cependant les dialogues paraissaient quelque peu maladroits et vains ; a contrario, le second tome offrait des dialogues vivants et intéressants, hélas la lecture de ces derniers était moins agréable car plus cérémonieuse – pour ne pas dire pompeuse ; enfin, le troisième tome, sans conteste le plus agréable et le plus passionnant, offrait une écriture soignée et agréable dans les dialogues tout autant que dans les descriptions. Impossible donc de porter un réel jugement sur la plume de Michael Moorcock, que seule une lecture de la version originale pourrait étayer. Néanmoins, au-delà du style et des mots employés dans la rédaction, il y a une évidente disparité de narration entre ces ouvrages : alors que le premier et le troisième tome entraînent avec dynamisme le lecteur aux côtés d'Elric, le deuxième tome s'attarde dans de très longues descriptions ponctuées de quelques dialogues tout aussi lents, à tel point que le temps de lecture paraît engourdi jusqu'à la fin de cet opus monotone et répétitif.

Notez bien cependant que cette plume inégale ne gâche en rien l'imaginaire passionnant et réellement captivant de Michael Moorcock, et que s'il est bon de savoir à quoi s'attendre – en l'occurrence, il faut se préparer pour ce deuxième tome à faire preuve d'une grande patience – il serait réellement dommage de renoncer à lire ces ouvrages : ce serait vous priver d'un excellent moment de lecture !

 

"Une plainte jaillit devant, si pleine de souffrance que Dame Sough lâcha la barre pour se boucher les oreilles. Un long aboiement roula entre les murailles de l'abîme, menaçant d'en détacher des rochers. Au coude suivant de la rivière, ils virent la bête, comme un grand loup hirsute, tendu dans un nouveau hurlement. L'eau se ruait tout autour de ses énormes pattes, l'enveloppant d'écume. Il tourna son regard sur eux et d'un seul coup disparut. Seul demeura l'écho de sa plainte. La vitesse du courant s'accrut. La barque dut heurter un obstacle et soudain bondit. La nautonière garda les mains plaquées sur les oreilles sans songer à la contrôler. Elric prit la barre, n'en put rien tirer bien qu'il y mit toutes ses forces. Il renonça.

Le torrent les précipitait toujours plus bas dans une entaille si profonde qua la lumière se raréfia jusqu'aux limites de l'obscurité. Ils virent des visages qui leurs disaient des choses, sentirent des mains qui se tendaient pour les toucher. Elric acquit la conviction qu'il n'était pas de créature mortelle qui, l'échéance passée, ne fût revenue ici le hanter. Son propre visage lui apparut plusieurs fois, et celui de Cymoril, et celui de Yyrkoon. De vieilles batailles furent de nouveau livrées sous ses yeux. Il sentit remonter d'anciennes et torturantes émotions. Il éprouva la perte de tout ce qu'il avait jamais aimé, le désespoir de la mort et de l'abandon, puis joignit sa propre voix au brouhaha, hurlant comme le loup avait hurlé, jusqu'à ce que Oone le saisît, le secouât, lui hurlât dessus plus fort que lui, le fit revenir de cette démence où il commençait de sombrer."

 

Ce roman a été lu pour Les chroniques de l'Imaginaire. Merci aux éditions Pockets pour la confiance dont elles honorent notre équipe de chroniqueurs.

 

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19 mars 2014 3 19 /03 /mars /2014 18:32

 

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Le pays à l'envers

 


Ecrit par Myriam Gallot


Publié aux éditions Syros - collection Tempo - 2013

Poche, 112 pages - 6 €


 

 

 

 

 

 

 

(Résumé personnel)

Pablo est un petit garçon épanoui et heureux âgé de 7 ans. Il vit en Urugay avec son papa uruguayen et sa maman française. Les vacances sont l'occasion de partir à la découverte du village maternel sur l'Île d'Ouessant, un petit coin de Bretagne au bout du monde. Seulement, Pablo doit partir seul - même son doudou reste en Urugay, car un crocodile ne peut pas prendre l'avion. Confié aux soins de Papilou et Mamina, le petit garçon découvre les paysages océaniques de la pointe bretonne, ses spécialités salées et son vent bien frais ; mais il découvre surtout combien il est douloureux d'être éloigné de sa famille et privé de ses racines, dans un pays si étrangement différent. 


Petit livre d'une centaine de pages, Le pays à l'envers se lit facilement grâce à une plume soignée qui prend garde d'éviter les tournures trop complexes. Conseillé à partir de 10 ans, je pense que cet ouvrage sera accessible aux enfants déjà habitués à la lecture et que l'on a envie de voir progresser, car il y a tout de même certains termes peu familiers dans ce petit roman, toutefois il est possible de les comprendre grâce au contexte - ce qui permet d'apprendre de nouveaux mots sans y prendre garde. 

Myriam Gallot a la particularité d'écrire dans un style lapidaire, favorisant les phrases courtes et explicites, parfois même composées d'un seul mot. Si j'ai regretté ce style un peu fracassant et dénué de poésie, il faut avouer que cette écriture particulière est une bonne canne pour les enfants qui auraient peur de trébucher dans leur lecture, voire de s'y perdre. Les phrases courtes permettent de mieux retenir les personnages et les situations, mais également d'encourager le lecteur qui se sent progresser dans l'histoire. 


"Le monsieur révélait l'existence de plein d'oiseaux indécelables, sur l'eau, sur les rochers, dans les buissons. Il les montrait à Pablo en dessin dans un livre de poche. Parfois, un simple cri lui permettait de deviner la présence d'un oiseau. Il le cherchait dans les airs. Finissait par le repérer. Le montrer. Le nommer. (...)

Pablo trouvait incroyable de voir les oiseaux du livre en vrai. Avec le même plumage. Les mêmes pattes. Le même bec. Les oiseaux semblaient s'être envolés des pages imprimées."


L'histoire de Pablo est intéressante, bien que malheureusement dénuée d'émotion : on poursuit cette lecture sans y être sensible, sans ressentir un vrai plaisir de lecture. Les jeunes lecteurs y trouveront tout de même des choses intéressantes : ils pourront par exemple comparer leur propre peur de la séparation à celle de Pablo et réfléchir aux questions posées par le jeune homme - parfois si étranges et innocentes que les adultes n'y trouvent pas de réponse. 

Cependant, j'étais déçue que le thème du voyage et de la découverte ne soit pas développé avec plus de soin : Myriam Gallot a pris le parti de faire ressortir l'immense chagrin du jeune garçon ainsi que son mal du pays, mais est-ce vraiment une si bonne idée ? A la fin de l'histoire, le jeune garçon est triste au point que ses vacances sont écourtées et qu'il reprend l'avion précipitamment pour retrouver ses parents : ainsi, malgré quelques jolies découvertes sur l'ïle d'Ouessant, il ne s'est pas rapproché de ses grand-parents et a refusé de s'ouvrir à eux. N'aurait-il pas été préférable afin de convaincre les jeunes lecteurs que la séparation n'est pas aussi affreuse qu'elle semble l'être, que le petit bonhomme se laisse apprivoiser par ses grand-parents et, oubliant sa tristesse, qu'il découvre avec un vrai plaisir ce pays si différent du sien ?

 

En bref, une lecture accessible et plutôt sympathique, bien que sans grand intérêt pour l'enfant.


 

Je remercie sincèrement les éditions Syros pour la confiance dont elles m'honorent.

 

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17 mars 2014 1 17 /03 /mars /2014 16:49

 

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A comme aujourd'hui

 


Ecrit par David Levithan


Publié aux éditions Gallimard - Les Grandes Personnes

Broché, 384 pages - 17 €

 

 

 

 

 

 

 

 

(Résumé personnel)

Le narrateur est un esprit âgé de 16 ans, prénommé A. Dépourvu d'enveloppe corporelle, cet esprit asexué subit son destin : chaque matin il se réveille dans la peau d'un jeune homme ou d'une jeune fille de son âge et découvre avec résignation son nouveau visage, s'efforçant de comprendre au plus vite l'histoire de son hôte ainsi que son rythme de vie. Durant vingt-quatre heures, A prend le contrôle de ce nouveau corps, s'efforçant de le respecter du mieux possible et de ne pas interférer dans sa vie : s'il n'a pas accès aux émotions de son hôte, il peut en fouiller la mémoire pour copier ses gestes et ses paroles. A n'a pas choisi cette vie étrange qu'il ne comprend pas : sans parent, sans ami, sans attache, il est invisible de tous et s'en contente. 

Un jour cependant, il rencontre Rhiannon, la petite amie de son hôte, et en tombe amoureux. Ce n'est pas simplement de ses beaux yeux qu'il tombe amoureux, mais de tout son être : il sent en elle une profondeur qu'il n'a jamais rencontré, une générosité naturelle qui le fait chavirer. En quelques secondes, sa vie trouve enfin un sens : il est né pour elle, pour l'aimer, pour la regarder. 

Hélas, cette prise de conscience ne suffit pas à lui donner un corps : malheureux comme jamais, A quitte à minuit le corps du jeune homme pour intégrer celui d'une jeune fille, à quelques heures de route de Rhiannon. Alors qu'il essaie de poursuivre sa routine habituelle et de se satisfaire de sa vie morne et impersonnelle, A sent qu'il ne peut ignorer plus longtemps cet appel du cœur. Commence alors un combat contre son destin : A décide de vivre enfin pour lui et d'utiliser les corps qui lui sont offerts pour retrouver Rhiannon, quitte à semer le désordre dans la vie de ses hôtes. Mais l'amour est-il possible pour un être qui change de corps chaque jour, au gré du hasard ? La douce Rhiannon pourra-t-elle aimer au-delà des apparences ? 


« Main dans la main, nous marchons le long du rivage tandis que le soleil décline dans le ciel. Je ne pense ni au passé, ni à l'avenir. Je déborde de gratitude envers ce soleil, cette eau, ce sable dans lequel s'enfoncent mes pieds, envers sa main qui tient la mienne. »


Dès la première page, la lecture s'annonce difficile : le style est artificiel, l'écriture semble forcée et il y a ce petit quelque chose qui repousse plutôt qu'il ne séduit. Les pages se tournent pourtant, plus par curiosité que par plaisir, et la plume de David Levithan prend de l'élan, distillant quelques notes de poésie ainsi que de jolies images de tendresse amoureuse, et ce serait presque de la grâce si l'écrivain ne se laissait pas aller à des lourdeurs fatigantes. Hélas, tout le roman se construit de ces lourdeurs qui finissent par prendre le pas sur les plus jolis aspects de cette histoire d'amour peu commune. Ainsi, chaque nouveau chapitre s'ouvre sur une nouvelle journée, donc un nouveau corps, et chaque fois se répète le même schéma de découverte de l'hôte et du contexte familial. Certes, c'est un mal nécessaire aux choix narratifs : mais alors, on ne peut s'empêcher de remettre en doute les bases de cette histoire artificielle et surtout répétitive, qui s'avère trop peu détaillée pour être crédible. 


Les personnages ne sont malheureusement pas plus soignés que l'histoire, laissant perplexe le lecteur auquel on impose un sentiment amoureux puissant basé sur un simple regard. Alors que les déclarations d'amour s'enchaînent sans plus d'explication, l'auteur s'attarde sur la vie amoureuse des hôtes qu'habite A : et alors, si l'on accepte facilement que les premiers adolescents rencontrés soient homosexuels, on finit par trouver totalement ridicule – et surtout, profondément malsain - que quasiment tous les personnages secondaires, qu'ils soient garçons, filles, hôtes ou simples amis, soient homosexuels, voire transsexuels. Qu'essaie-t-on d'apprendre aux jeunes lecteurs au-travers de ce roman ? L'hétérosexualité est presque totalement absente de cet ouvrage, qui s'attarde longuement sur les caresses que se prodiguent deux jeunes garçons, ou encore sur les baisers passionnés de jeunes filles dénudées qui partagent le même lit (…). Plus que décevant, cet aspect du roman me semble particulièrement dérangeant.


Difficile de se remémorer les passages agréables de cette histoire, surtout après la déception de la dernière page... Pourtant, il y a tout de même eu d'agréables moments de lecture, de ces petites phrases légères simplement bien pensées et bien écrites, qui donnent à sourire, tendres rayons de soleil qui traversent les nuages. Une jolie plume donc, mais que dessert un mécanisme d'écriture mal rodé, ou peut-être plus simplement une histoire pas assez réfléchie et trop peu détaillée. 


Je ne peux nier une addiction à ce roman : je tournais les pages rapidement, avide d'en savoir plus, de comprendre qui était vraiment cet étrange personnage condamné à une vie d'errance. David Levithan prend plaisir à entretenir l'espoir du lecteur, soulevant de nombreuses questions et laissant planer le mystère... Malheureusement, les réponses n'arrivent jamais et s'enchaînent à leur place des réflexions philosophiques intéressantes mais cependant dénuées de toute finesse, créant une lassitude inconsciente chez le lecteur qui finit par se sentir comme endoctriné par un narrateur qui, à seize ans, est persuadé de comprendre tous les mécanismes du comportement humain alors qu'il ne maîtrise même pas sa propre existence.


En bref, A comme aujourd'hui est un roman malsain et dans l'ensemble décevant que je ne recommande pas – d'autant qu'il est conseillé aux jeunes lecteurs à partir de treize ans, or je doute qu'à treize ans les lecteurs disposent de la maturité nécessaire à la lecture d'un ouvrage qui aborde ouvertement la sexualité ainsi que le rapport sexuel lui-même.


 

Ce roman a été lu pour Les Chroniques de l'ImaginaireMerci aux éditions Les Grandes Personnes du groupe Gallimard pour la confiance dont elles honorent notre équipe de chroniqueurs.

 

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16 mars 2014 7 16 /03 /mars /2014 16:33

 

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Le sentier des nids d'araignée

 


Ecrit par Italo Calvino


Publié aux éditions Gallimard - collection Folio

Poche, 240 pages - 6€80

 

 

 

 

 

 

 

 

(Résumé personnel)


Seconde guerre mondiale. L’Italie souffre, morcelée entre les allemands, les fascistes, les résistants et les autres, ceux qui essaient de vivre encore normalement, comme si la guerre n'était pas déjà à leurs portes. Dans une vieille rue poisseuse et puante se promène un petit garçon, Pin. Pin n'a pas d'ami et va de ci de là, tel un petit oiseau tombé de son nid. Les enfants ne l'aiment pas, les adultes font semblant de l'apprécier : constamment rejeté, il n'a pour lui que sa grande sœur – une prostituée qui lui appartient autant qu'aux autres. Alors Pin fait semblant d'être joyeux et se raccroche désespérément au monde des adultes – pressé de grandir, et d'avoir lui aussi un groupe auquel appartenir. Enfant attentif, il parvient à se faire apprécier des grands par ses commérages malicieux, ses plaisanteries cochonnes et ses chansons mélodieuses bien qu'obscènes – pauvre gosse obligé de masquer son dégoût de la sexualité par une vulgarité débridée. 

Un jour, dans le vieux café enfumé, les hommes se tournent vers lui sans sourire, sans plaisanter : on exige de lui qu'il aille voler le revolver d'un client de sa sœur, un allemand. Pin est effrayé, il réagit à sa manière : des vannes légères, lancées dans les airs. Mais les grands ne répondent pas à ses blagues, et s'il ne va pas voler cette arme, ils ne veulent plus jamais le revoir. Pin sort du café malheureux et effrayé. Ce café est sa maison, ces hommes ses presque-amis. Il ne veut pas se retrouver complètement seul, si abandonné, si profondément misérable. Alors il dérobe le revolver, l'enfouit sous son pull et s'enfuit à toutes jambes. Fier de lui, de cette prouesse qui fait de lui un complice de ces grands qu'il respecte, il retourne au café pour offrir l'arme : mais il ne reçoit ni les louanges escomptées ni les démonstrations d'amitié tant espérées – pire, les adultes ne lui demandent pas l'arme et feignent l’indifférence. Le cœur battant, les larmes aux yeux, Pin se sent trahit, piégé. Il s'est rendu coupable du vol de cette arme que les autres ne veulent plus. Il se sent utilisé, rejeté. Il pleure et court loin, longtemps. Il dissimule son trésor dans un lieu secret et merveilleux, un écrin de terre dans lequel les araignées construisent leurs nids – un endroit qu'il adore et ne partagera qu'avec un ami ; s'il trouve un jour un ami avec lequel le partager, car pour le moment il est seul, et il fait nuit. Seul dans le noir, seul sur Terre. Il pleure et marche dans l'obscurité. Mais une voix s'élève : un homme, seul lui aussi dans la nuit, qui le prend par la main et l'emmène. Pin va alors découvrir d'autres hommes, d'autres âmes, et par ses yeux innocents d'enfant en saisira la profonde noirceur – mais aussi, peut-être, la lueur d'espoir qui brille en chacun d'eux. 


 « Cela les différencie de tous les autres : avoir des ennemis, c'est un sentiment obscur et nouveau pour Pin. Dans sa ruelle, il y avait des hurlements d'hommes et de femmes qui se disputaient et s'insultaient jour et nuit, mais on n'y connaissait pas cette mauvaise envie d'avoir des ennemis, cet impérieux désir qui empêche de dormir. Pin ne sait pas encore ce que cela veut dire « avoir des ennemis ». Dans tout être humain, pour Pin, il y a quelque chose de répugnant comme chez les vers de terre et quelque chose de bon, de gentil et de chaleureux qui suscite l'amitié. Pas chez ceux-là. Au contraire : ils n'ont qu'une seule idée en tête, une idée fixe, comme les amoureux, et quand ils prononcent certains mots leur barbe en tremble, leurs yeux brillent et leurs doigts caressent la hausse de leurs fusils. »


 Le sentier des nids d'araignée décrit avec intelligence le quotidien d'un enfant pris entre la guerre et les hommes, abandonné dans un monde complexe qu'il ne comprend que difficilement. La seconde guerre mondiale est partout présente, mais elle sert surtout de contexte à l'écrivain qui place les hommes au cœur de son roman. Grâce à des dialogues bien construits et à de nombreuses descriptions rapides mais soignées, les personnages d'Italo Calvino prennent de l'épaisseur au fil des pages, devenant familiers et presque réels. Je pense d'ailleurs que ce roman pourrait aisément être adapté en film car les personnages sont dotés d'une vraie personnalité, fouillée et complexe ; de plus, un fil narratif relie chacun de ces hommes à ses semblables, créant une intrigue humaine assez captivante pour remplacer l'action, ici quasiment inexistante.


Cependant, malgré une plume efficace, la lecture de cet ouvrage se révèle laborieuse : l'histoire se nourrit de ces nombreux dialogues, mais se faisant, donne au franc-parler de l'époque une place trop importante. Une syntaxe bancale caractérise le patois des personnages, à laquelle s'ajoute une vulgarité fatigante : si l'habitude se crée et s'installe au bout de quelques pages, une certaine lassitude se fait également ressentir... C'est pourquoi il m'a fallu près d'une semaine pour lire ce petit livre d'un peu plus de deux cents pages : une lecture volontairement ralentie pour ne pas m’écœurer de cet ouvrage, qui mérite que l'on s'y attarde pour sa vision aussi intéressante qu'émouvante des hommes qui ont fait l'Histoire de l'Italie.  


 « Et voici que l'envie de tuer le submerge, lui aussi, âpre et violente, de tuer même le planton qui s'était caché dans le poulailler, quoique ce soit un connard et justement parce que c'est un connard, de tuer aussi la sentinelle triste de la prison, justement parce que c'est un type triste et que sa figure est tailladée par le rasoir. Cette envie de tuer, c'est une envie qui vient du plus profond de lui-même comme une envie d'amour ; elle a quelque chose de désagréable et d'excitant comme le tabac et le vin ; c'est une envie dont on ne comprend pas très bien pourquoi elle habite tous les hommes et qui doit sûrement, quand on la satisfait, dispenser des plaisirs secrets et mystérieux. »


 

Ce roman a été lu pour Les Chroniques de l'ImaginaireMerci aux éditions Folio du groupe Gallimard pour la confiance dont elles honorent notre équipe de chroniqueurs.

 

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9 mars 2014 7 09 /03 /mars /2014 13:53

 

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Les enfants du roi

 


Ecrit par Sonya Hartnett


Publié aux éditions Les Grandes Personnes - 2013

Broché, 288 pages - 16€

 

 

 

 

 

 

 

 

(Résumé personnel)

Seconde guerre mondiale. La France est aux mains des allemands. A Londres, c'est le black-out. Les habitants se préparent aux bombardements et tentent de se protéger : fenêtres occultées, lumières interdites – les soirées deviennent lugubres et la mort approche dans l'angoisse collective. Humphrey Lockwood, père de famille aux fonctions importantes, annonce sa décision à sa femme et ses enfants : il est temps pour eux de partir se mettre à l'abri à la campagne. Il n'a que trop attendu, l'évacuation des enfants a déjà commencé et les garder plus longtemps à ses côtés serait une folie. Alors que Cecily Lockwood, douze ans, se réjouit de ce retour dans la belle bâtisse familiale, Jeremy, de deux ans son aîné, serre les poings – s'enfuir à la campagne fait de lui un lâche, alors qu'il voudrait combattre l'ennemi et protéger sa nation. Mais qu'importe l'opinion d'un enfant de quatorze ans : seule compte leur sécurité ; et c'est ainsi que Cecily, Jeremy et leur mère Heloise monte dans le train qui les mènera à Heron Hall, magnifique domaine entouré de terres sauvages et de ruines mystérieuses. Au cours de leur voyage, les enfants exposent à leur mère la nécessité de recueillir, comme tant d'autres familles, un enfant évacué – soucieuse de sa réputation, Heloise Lockwood accepte et laisse sa fille Cecily choisir May Bright, petite fille âgée de dix ans. Aussi autoritaire que bavarde, Cecily est ravie de s'être octroyée une poupée vivante qu'elle pourra diriger à loisirs, mais la petite May ne l'entend pas ainsi : intrépide et indépendante, elle n'hésite pas à se lever très tôt le matin pour fuir son petit tyran. May découvre alors la campagne sauvage et le plaisir de courir dans les champs, de respirer la forêt, de se sentir libre et hors de portée de la guerre. Ses petites aventures sauvages la mènent jusqu'aux ruines étincelantes d'un ancien château, à l'intérieur desquelles elle fait l'étrange rencontre de deux jeunes garçons. Le passé s'imbrique alors dans le présent, petites et grandes histoires se mélangent : et si chaque événement avait le pouvoir de modifier tous les autres ? 


« Le château surplombait les enfants, réduit à si peu de chose et, pourtant, totalement présent – comme s'il n'avait jamais eu besoin de plafonds, de toits et de planchers, qu'il se suffisait de ces débris loqueteux, voire même qu'il les préférait. Cecily scruta les sommets les plus hauts, là où les pierres écorchées se fondaient dans la pâleur du ciel. Elle ignorait ce qu'elle s'attendait à y voir, mais elle savait qu'elle n'en serait aucunement surprise – un œil aux aguets, un bras tendu, un corps figé dans la pierre depuis des siècles et malgré tout encore un peu en vie.(...) »


Sous l'apparence d'un livre broché au format agréable – moins large que la plupart des romans « grand format », ce livre se tient mieux en main - Les enfants du roi se révèle un ouvrage agréable et enrichissant. La quatrième de couverture me laissait hésitante sur le public auquel cet ouvrage se destine. L'écriture, fluide et bien menée, convient parfaitement à un roman jeunesse ; de plus, les termes parfois un peu plus complexes sont accompagnés d'une définition explicite en bas de page, ce qui permet d'accompagner les jeunes lecteurs dans leur découverte. Cependant, certains passages sont très forts émotionnellement – notamment lorsque le jeune Jeremy prend la fuite pour rejoindre la capitale et s'exposer aux bombes ennemies : le récit de sa compréhension de la guerre, de ses ravages et surtout de son impuissance pourrait heurter les plus jeunes, ou plus simplement ne pas être compris. Aussi, je pense que cet ouvrage est à conseiller aux enfants qui ont déjà abordé la seconde guerre mondiale à l'école, et que l'on a envie d'aider à grandir – car ce roman utilise le fantastique pour mener à terme une réflexion sur le Pouvoir et sa capacité destructrice. 


« Ne crois pas que cette histoire ne t'atteint pas Cecily. Le passé est partout présent. »


Par la description du quotidien d'une jeune fille de douze ans, Les enfants du roi raconte implicitement la seconde guerre mondiale – il y a ces journaux aux gros titres bouleversants, chaque jour étalés sur la table, lus et relus par un oncle inquiet et un frère désireux de combattre, papiers froissés fouillés du regard par la cuisinière qui pleure son fils absent, soldat peut-être mort ; il y a l'absence du père resté à Londres, chaque jour et chaque nuit incessamment exposé aux bombes ennemies ; il y a la mère de May partie fabriquer des parachutes dans une usine et cet autre père encore, disparu au combat. Partout, surtout, il y a l'inquiétude. Alors les deux petites filles s'évadent et jouent dans la forêt, terre de mystères, enveloppe de quiétude. A l'ombre des « frênes puissants aux feuilles épaisses », la guerre s'évanouit pour laisser place aux jeux et à l'imagination. 

La force du roman réside dans cette transition entre la réalité douloureuse de la guerre et l'univers doux et naïf des enfants. Entre les deux se dresse un château en ruine, fantôme du passé encore majestueux, habité par deux apparitions d'enfants. C'est par l'histoire de ce château, par ce récit vieux de plusieurs centaines d'années, que les enfants vont comprendre le présent – comprendre le feu qui anime la guerre et ronge les hommes. Un château en ruine comme une enfance désenchantée, et qui s'effondre pierre par pierre alors que grandissent Cecily et May, jusqu'à disparaître complètement dans la terre – passage à l'âge adulte des jeunes filles. Un roman d'apprentissage donc, mais également un récit porteur d'espoir. 


Les adultes reprocheront probablement à ce roman le caractère artificiel des personnages, car Sonya Hartnett a forcé le trait en imaginant des héroïnes sans ambivalence, dont la personnalité souffre d'un réel déséquilibre – ainsi Cecily est agaçante d'enfantillage, alors que May se montre trop irréprochable pour être crédible. Fort heureusement, la réussite de ce roman ne repose pas sur les personnages, mais sur l'histoire qu'ils permettent de mettre en place et la réflexion qui en découle.


Les enfants du roi est donc un beau roman pour les pré-adolescents, qu'il saura captiver avec sagesse, le fantastique se mêlant à l'Histoire de la plus belle des manières.

 

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Ce roman a été lu pour Les Chroniques de l'ImaginaireMerci aux éditions Les Grandes Personnes pour la confiance dont elles honorent notre équipe de chroniqueurs.

 

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4 mars 2014 2 04 /03 /mars /2014 20:42

 

Mille jours en Toscane


Ecrit par Marlena de Blasi

Publié aux éditions Gallimard - collection Folio - 05/2013

Poche, 256 pages - 7€40

 

 

 

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«Le bar du village est devenu une véritable annexe de notre maison. Les habitués nous ont adoptés et s'ingénient à nous faciliter la vie. Il y a un téléphone au mur et quand je parle à mes enfants, à mon agent à New York ou à mes éditeurs en Californie, tout le monde se tait en imaginant que je discute avec le président des États-Unis. Le Centrale est notre bureau, notre PC, notre refuge. Je commence à comprendre pourquoi certains Italiens, avant de choisir un appartement, vérifient si le bar le plus proche leur conviendra…» 


L’auteur et son mari ont décidé de s'installer à San Casciano, un petit village toscan. On s'échange des recettes de cuisine (soigneusement consignées dans ce livre), on fait ensemble les vendanges, la chasse aux cèpes et aux truffes…. Marlena de Blasi nous offre une ode à la vie, pleine de saveurs, d’odeurs et de couleurs.

 

 

Presque un journal intime, pas tout à fait un roman, Mille jours en Toscane se lit tel un carnet de voyages. Des recettes ancestrales traînent entre les pages, des secrets y sont chuchotés du bout de la plume, des anecdotes tout à fait inutiles racontées dans les moindres détails : et ces mots se mélangent onctueusement, offrant aux lecteurs affamés de dépaysement un savoureux récit d'initiation à la Toscane. 


« Parce que la simplicité, c'est la dernière chose à laquelle on pense quand on cherche le secret de la vie. Gérard et Mathilde étaient riches parce qu'ils ne possédaient presque rien. »


Marlena de Blasi raconte les gens, les assiettes et les nuages, et il y a dans son ouvrage cette simplicité de narration chatoyante que l'on recherche vainement dans tant de livres. Les pages sont gorgées de couleurs, d'odeurs et de saveurs – mais nulle figure de style, nulle recherche imagée pour séduire le lecteur : le récit est à prendre ou à laisser, et lorsque vous êtes dans l'obligation de faire une pause dans votre lecture, il y a comme un pincement au cœur de quitter San Casciano, son vin et ses chemins de terre boueux, une peur toute infantile de ne trouver au retour que des pierres nues – car ce récit n'attend pas le lecteur pour vivre, c'est à nous de le rattraper et d'en saisir la beauté fugace.


Mille jours en Toscane est un très bel ouvrage sur la Toscane, mais plus encore, un merveilleux conte de la vie. Cet ouvrage renferme un trésor de simplicité qui n'est en fait que le bonheur raconté, un bonheur si vivant qu'il émeut le lecteur, si puissant qu'il transmet en quelques mots de sincères émotions et un grand plaisir. Impossible de ne pas saliver lors de cette lecture, impossible de ne pas rêver à cette tranquillité bouleversante –  car l'aventure est partout, et plus encore la joie de vivre.


« (…) chaque matin, nous nous levons avec le soleil et prenons les petits chemins pentus à travers les prés pour aller jusqu'aux sources bouillonnantes tremper nos pieds et parfois plus. Le contraste entre l'air encore frais et l'eau très chaude est absolument délicieux, juste avant le petit déjeuner. Une légère brise souffle par moments, qui peut devenir un grand coup de vent, annonciateur d'une pluie qui va tomber en rafales sur la terre argileuse. Nous ôtons alors nos bottes et pataugeons dans la boue comme les deux enfants que nous n'avons jamais été, mais pouvons désormais être. »

 

 

Je remercie sincèrement les éditions Folio du groupe Gallimard pour la confiance dont elles m'honorent ainsi que pour cet agréable moment de lecture.

 

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26 février 2014 3 26 /02 /février /2014 15:53

 

La fille qui n'aimait pas les fins


Ecrit par Yaël Hassan et Matt7ieu Radenac

Publié aux éditions Syros, collection Tempo - Août 2013

Poche, 213 pages - 6€50

 

 

 

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Maya est une amoureuse des livres. Elle en a déjà cent trente-quatre ! Sa mère, qui ne peut pas lui acheter tous les livres de la terre, l’inscrit contre son gré à la bibliothèque.


Dans ce lieu paisible et studieux, Maya va faire la rencontre d’un vieux monsieur plein de fantaisie, qui l’intrigue beaucoup et dont elle se sent proche.


Qui est réellement le mystérieux Manuelo ? La plus belle des surprises est au bout de l'histoire...

 

 

 

 

 

 

Petit livre jeunesse d'environ 200 pages, La fille qui n'aimait pas les fins surprend par sa richesse et son intelligence. Destinés aux enfants à partir de 10 ans, cette perle d'émotions est à offrir sans hésitation.


Le récit s'ouvre sur Maya, une jeune fille amoureuse des livres que sa maman inscrit à la bibliothèque faute de ne pouvoir lui acheter autant d'ouvrages qu'elle le désire. Les pages se tournent très rapidement tant l'adolescente est attachante : aucun doute que beaucoup d'enfants s'identifieront avec facilité à cette gamine un peu maladroite d'un naturel attendrissant.


La jeune Maya souffre énormément de la perte prématurée de son papa, mortellement blessé par un automobiliste – la solitude lui pèse, et elle s'enferme toujours plus dans ses livres. La rencontre d'un vieux monsieur excentrique au cœur des rayonnages de la bibliothèque va apporter un souffle nouveau sur son quotidien. Le vieillard répond avec sagesse à ses interrogations et l'aide à progresser sur le chemin de la vie – notre jeune héroïne découvre alors, grâce à son ami, le bonheur de laisse courir sa plume sur un journal intime, ainsi que le plaisir d'apprendre des mots nouveaux, parfois rigolos, et de les noter précieusement dans son petit carnet. Alors que son écriture gagne en dynamisme au fil des pages, la jeune fille retrouve progressivement le sourire et la joie de vivre s'installe de nouveau dans son cœur. 


Roman polyphonique très agréable à lire, ce petit plaisir littéraire offre aux jeunes lecteurs des pistes de réflexion et de compréhension du monde très pertinentes. Ainsi sont abordés avec subtilité et émotion différents thèmes tels que l'amitié, la solitude, le deuil, l'amour naissant, et surtout l'impact de nos choix sur notre avenir ainsi que celui de nos proches. En seulement 200 pages, ce format « poche » apporte également des réponses sensées à des questionnements parfois complexes à propos de la littérature : que signifie la fin d'un roman ? Que deviennent les personnages lorsque la dernière page du livre est tournée ? Comment un écrivain décide-t-il de la fin qu'il souhaite offrir à ces êtres de papiers ? Et surtout, la vie est-elle un roman ?


Un court roman maîtrisé par une bonne plume, qui s'adresse à la jeunesse avec douceur et maturité.


« -Est-ce que tu étais sévère avec Papa ?


-Oui, un peu. Disons, pas sévère mais exigeant. Trop exigeant. Tu vois, Maya, tu liras comment les choses se sont passées de mon point de vue. Mon plus grand tort, dans cette histoire, est de ne pas avoir eu le courage d'aller chercher mon fils et de le ramener à la maison par la peau du cou. Je dis toujours que les mots écrits sont mille fois plus puissants que les mot parlées. Je lui ai écrit et encore écrit. Mais mes mots n'ont servi à rien. Mon plus beau rêve aurait été en tout cas de pouvoir réécrire cette fin là... »

 


Je remercie sincèrement les éditions Syros pour la confiance dont elles m'honorent, ainsi que pour cette jolie découverte.

 

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Yaël Hassan et Matt7ieu Radenac présentant cet ouvrage.

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23 juillet 2013 2 23 /07 /juillet /2013 15:15

 

La fille qui lisait des romans d'amour


Ecrit par Inara Lavey

Publié aux éditions Bragelonne, collection Milady

 Poche, 288 pages.

 

 

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La vie de Cassandra Devon est une vaste histoire à l’eau de rose. Son imagination débridée fourmille de séduisants détectives, d’irrésistibles pirates et de héros plus sexy les uns que les autres.


Absorbée par ses rêveries tout droit sorties des romances qu’elle dévore, Cassandra a du mal à repousser les avances de Connor, le facétieux Irlandais qui voudrait se substituer à ses fantasmes.


Entre lui et le séduisant Raphaël, incarnation de l’homme idéal, son cœur balance. Lequel de ces beaux garçons saura s’attirer ses faveurs ?

 

 

 

 

 

 

 

Un visage qui disparaît derrière d'affreuses lunettes d'une taille exagérée, des cheveux bruns et ternes qui encadrent une silhouette discrète et banale, ainsi se profile une héroïne au mauvais caractère qui s'habille chez Monoprix en rêvant au grand amour. Cassandra a toujours la tête dans les nuages, ou plutôt dans ses fantasmes érotiques : qu'elle soit dans un restaurant, invitée à une soirée exotique, en compagnie d'un bel homme ou dans un bar à siroter un cocktail, Cassandra fantasme délicieusement toute la journée à ce bel homme aux cheveux de jais, grand ténébreux au corps puissant mille fois imaginé lors de ses lectures sentimentales. Dix années à rêver d'un corps viril et musclé, d'une voix tendre et sensuelle, de gestes romantiques et passionnés... Cassandra pourrait modeler son homme idéal dans de la glaise tant elle a rêvé de son corps, de ses gestes, du timbre de sa voix et du moindre petit détail sexy, jusqu'à la forme qu'imprime son pénis en érection dans un jean noir moulant.


 Se retrouvant célibataire pour la énième fois, Cassandra prend l'avion pour rejoindre sa meilleure amie, une adorable Barbie qui n'a pas sa langue dans sa poche. Celle-ci l'attend à l'aéroport avec son cousin, Connor, un joli garçon taquin et moqueur qui exaspère Cassandra dès leurs premiers échanges. Arrivée à l'hôtel réservé par son amie pour leurs petites vacances entre copines, la jeune femme rencontre Raphaël, l'associé de Connor : love at first sight ! Raphaël est son fantasme devenu réalité, son idéal en chair et en os qui va enfin pouvoir combler tous ses désirs : Cassandra s'embarque alors pour un grand huit sentimental, le cœur à l'envers et les yeux dans les étoiles...


L'écriture est toute simple, très naturelle et agréable à lire : on s'identifie facilement à cette jeune femme pleine de défauts et au charme inconscient, éternelle maladroite qui aimerait faire de sa vie un véritable conte de fée ! Le style se veut personnel et franc, d'une sincérité souvent très drôle et touchante : j'ai bien souvent souri à cette histoire qui regorge de situations pittoresques ! Le roman propose également d'alléchantes scènes torrides qui s'apparentent aux fantasmes féminins les plus courants : la jouissance féminine est ainsi mise en avant dans des scènes très joliment écrites et facilement imaginables, et l'on se prend bien sûr à rêver aux côtés de cette héroïne un peu sotte, mais si attachante !


Alors bien sûr, il y a quelques défauts inhérents à cette histoire : un manque de vraisemblance évident et qui peut éventuellement lasser une lectrice exigeante, des personnages qui confondent sentiments amoureux et désir physique, quelques préjugés envers les lectrices de romans sentimentaux et une leçon d'amour en filigrane qui n'est pas franchement nécessaire, cependant l'humour distillé tout au long de l'histoire prend le pas sur ces défauts qui étaient finalement attendus, puisqu'il s'agit d'un petit roman sentimental, donc léger et superficiel !


La fille qui lisait des romans d'amour est un roman sensuel, drôle et addictif qui se lit facilement et avec plaisir. Un très bon moment de lecture !


Ce roman a été lu pour Les Chroniques de l'Imaginaire, équipe de chroniqueurs diablement efficaces dont je suis heureuse de faire partie ! Merci aux éditions Bragelonne pour la confiance dont elles nous honorent !

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3 juillet 2013 3 03 /07 /juillet /2013 14:05

 

Maintenant le mal est fait


Ecrit par Pascal Dessaint

Publié aux éditions Rivages en Avril 2013

Grand format, 256 pages.

 

 

 

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"Etre soi-même se révèle parfois une faute, ou une erreur. Il y a une grande différence. La faute est impardonnable, très souvent. L'erreur est rectifiable, si on a le temps pour soi. Ma mère ne paraissait pas vouloir accorder ce temps à mon père, ni lui pardonner."


La disparition troublante d'un homme va changer le regard que ses amis portent sur eux-mêmes, perturber l'équilibre déjà fragile d'une petite communauté qui voit son existence contrariée par un projet de route. Comment saisir les forces qui gouvernent la vie de chacun, et s'en accommoder ?


Au-delà d'un roman sur l'amitié et les risques qu'elle fait courir, Maintenant le mal est fait est une réflexion sur la frénésie de notre monde et sur le progrès, sur les rapports complexes que les hommes entretiennent avec la Nature et sur le mal qui en découle.

 

 

Imaginez un homme d'âge mûr, de taille moyenne et dans la norme esthétique. Son corps est d'une symétrie presque parfaite, sa peau est lisse, son teint est rose : il est d'une quasi-perfection banale et l'on ne pourrait douter de sa bonne santé. A présent, imaginez qu'une lame acérée s'enfonce dans cette chair aussi tendre que délicate et la tranche profondément. Un sang poisseux et sombre s'en écoule, un liquide malodorant et impur qui emporte dans son sillon des déchets humains difformes et abîmés. Cet homme, apparemment sain de corps, était en réalité malade. Rongé de l'intérieur, il pourrissait lentement. 


La plume de Pascal Dessaint est à la fois ce poignard meurtrier, ce couteau de boucher et ce scalpel chirurgical. Avec précision et habileté, il tranche vivement dans l'apparente perfection de l'existence de ses personnages ; avec ferveur et passion, il en perce l'illusion, la déchire de ses mains et l'encre se déverse sur les pages comme une coulée de sang. C'est alors qu'il extrait de cette ouverture béante une immonde vérité, toute gluante et asphyxiante et qui se répand en 256 pages de puanteur infecte.


"Les amis sont parfois plus redoutables qu'un corde pour se pendre."

 

Les personnages de ce roman sont amis et si on les croisait dans la rue, on les devinerait assurément fraternels, aimables et jovials. On envierait certainement leurs clins d'oeil malicieux et cette rivalité enfantine qui ne les quitte probablement jamais, puis on jalouserait le caractère tendre et taquin de cette petite bande d'amis que l'on imagine multipliant des paris aussi stupides que nostalgiques de leur jeunesse commune. Surtout, on regretterait de ne pas faire partie de cette joyeuse troupe qui semble si sincèrement avoir l'habitude de s'entraider, de se soutenir et de s'aimer. Voilà la vision saine, fraîche et colorée que ces êtres de papier donneraient à voir de leurs rapports et de leur attachement mutuel.


Maintenant le mal est fait tranche dans cette vision idyllique de l'amitié. Le geste est brutal, inattendu et douloureux.


En effet, Pascal Dessaint a choisi d'exhiber l'incapacité honteuse de l'être humain à faire preuve d'une loyauté sincère ou de bons sentiments constants : en résulte un roman indécent et très sombre, puisqu'il explore la noirceur de l'âme. Tour à tour, les individus qui forment cette bande d'inséparables perdent leur masque et, au cours de chapitres qui alternent les points de vue, chacun confie ses émotions, ses pensées et ses mensonges. Ainsi, s'il y a autant de narrateurs que de personnages, il y a aussi ce narrateur invisible et muet dont la main assemble ces détestables confessions et les agence tel une accusation contre les travers de l'Homme.


"Garance me pompait l'air. On n'imagine pas à quel point la télévision, usage et pratique, peut affecter les fonctions neuronales. A l'en croire, les plantes s'étaient faites belle pour nous séduire et elles nous utilisaient comme moyen de transport. C'était ainsi que depuis le Perse profonde, le lilas avait organisé sa conquête de tous les continents. Certaines plantes colonisaient le monde comme les animaux ne pouvaient le faire. Mettez un singe dans un zoo et rien ne se passera, vous n'aurez sûrement pas au bout d'un moment des singes partout dans les arbres. Mettez-y une plate et bientôt vous en aurez dans tout le pays, vous serez envahi ! La nuit était belle, pleine d’étoiles, et j'écoutais ses élucubrations."


L'histoire se nourrit de sentiments amers de jalousie, de regards envieux et laissent entendre le persiflage d'infâmes langues de vipères qui profitent de l'absence d'un des leurs pour épancher joyeusement leurs rancœurs. Le roman multiplie les petites trahisons entre amis et, encouragée par une consommation d'alcool démesurée, l'amitié nourrit l'inimité jusqu'au dégoût de l'autre. 


Pascal Dessaint traite son récit très efficacement et sa maîtrise des mots est évidente, d'ailleurs il doit être un homme attentif et quelque peu philosophe car son texte regorge de petites phrases bien pensées que l'on a envie de surligner et de retenir tant elles sont vraisemblables et écrites avec justesse. Cependant, l'accumulation de ces agréables tournures syntaxiques et intelligentes réflexions, couplée à tant de peines, de chagrins et d'attitudes déplorables, donne au roman un côté artificiel dénué de charme : force est de constater que l'on ressent les mécanismes d'écriture et la volonté de faire passer différents messages au lecteur. Pascal Dessaint force le trait, et l'on s'ennuie de ce roman en dégradés de gris qui ne véhicule que de tristes sentiments, de pénibles situations et des déceptions de plus en lourdes.


"Curieuse expérience de manger alors qu'il y a un mort dans la pièce d'à côté. C'est comme une étape, une épreuve, pour admettre que, malgré tout, la vie continue, il n'y a pas d'autre choix, jusqu'à ce que son tour vienne. Garance paraissait soucieuse. Même si Arnaud n'était pas là, viendrait-il ? je me le demandais, Elsa avait pris garde de ne pas s'asseoir près de George, qui se tenait en bout de table, déjà éméché. Justine faisait des boulettes avec son pain, semblant attendre quelqu'un. Elodie nous invitait à nous sentir à notre aise comme on donne des ordres. Nous pouvions lui pardonner. Marc servit le sanglier et chacun regarda tout d'abord son assiette comme si on l'avait remplie de restes humains. Puis l'appétit vint. "Hier soir, plaisante Marc, j'aurais eu envie d'étrangler Bernard, n'est-ce pas, George ? et maintenant, il n'est plus là pour que je lui reproche quoi que ce soit..." Il faudrait avoir à l'esprit, toujours, que les êtres, les choses sont fragiles, et ce n'est pas possible.""

 

Dans ce roman tragique, chaque être semble sombrer dans son âme. L'espoir n'y a pas sa place, pas plus que le rêve ou la poésie, et alors que certains sont au bord de toucher le fond, d'autres trouvent la délivrance dans la mort. Les personnages évoluent dans un profond accablement et leur univers n'est qu'alcool, sexe, violence, suicide, trahisons et autres perfidies. Ces êtres sont désenchantés et se complaisent dans une amitié artificielle, ainsi que dans une vie qui n'est que duperie et désolation. Maintenant le mal est fait, malgré qu'il soit très bien écrit, est un roman abominablement triste dont je ne recommande pas la lecture.

 

 

Je remercie sincèrement l'équipe de Libfly ainsi que les éditions Payot & Rivages pour la confiance dont elles m'honorent, ainsi que pour cette découverte dans le cadre du salon du livre d'Arras 2013.

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18 juin 2013 2 18 /06 /juin /2013 20:12

 

Panopticon


Ecrit par Nicolas Bouchard

Publié aux éditions Mnémos en Avril 2013

Grand format, 304 pages.

 

 

 

http://www.mnemos.com/JOOMLA2/images/couvertures/C1-panopticon.gifAu crépuscule de ma vie, je croyais être en mesure d’expliquer la plupart des comportements humains les plus violents, et d’apporter des éléments de réponse concrets pour les circonscrire.

Comme je me trompais.
Je me rappelle lorsque tout a commencé, en 1820, à Londres, après cet étrange attentat de nature... surnaturelle, pour ne pas dire magique ; comment la Couronne m’a chargé d’enquêter sur cette affaire littéralement extraordinaire.
Depuis, j’ai affronté mille dangers et parcouru les routes d’Europe, et surtout, surtout, j’ai rencontré les êtres les plus fabuleux et les plus tragiques qui soient, bien plus fascinants que tous les individus que j’ai pu croiser au cours de mes nombreuses recherches. Ces jeunes gens tenaient un univers dans le creux de leurs mains.
Il est des zones d’ombre de la conscience humaine dans lesquelles nous risquons tous de nous perdre un jour.
Certains y sont nés.

 

Extrait de la dernière lettre de Jeremy Bentham, homme de sciences et d’idées, inventeur de la prison idéale, le Panopticon.

 

 

Panopticon est telle une pâtisserie visuellement peu appétissante mais dont le goût se révèle aussi étonnant que merveilleux ! Ce roman fut une charmante découverte et si mon attachement à l'histoire ne fut pas aussi soudain qu'inespéré, il n'en fut que plus puissant - car au fur et à mesure que je tournais les pages, je sentais mon intérêt croître, ma curiosité s'enflammer et mon plaisir s'intensifier jusqu'à ne plus pouvoir me détacher du récit !


"Un quart d'heure plus tard, ils roulaient en direction de Farrington Street. Le jeune attorney était monté avec lui alors que les cavaliers de la Yeomanry les suivaient à cheval. Le voyage fut silencieux. Bentham examinait passionnément l'extérieur : Londres avait tellement changé. C'était une chose d'étudier la démographie de la plus grande ville du monde connu en parcourant des rapports, des enquêtes, de connaître son évolution, son industrialisation, les routes commerciales qui s'étaient établies avec le reste du monde, les nouvelles denrées importées d'Inde ou d'Asie pour le plus grand plaisir de ses habitants ; c'en était une autre de la voir vivre sous ses yeux. La fumée crachée par les manufactures régnait partout, obscurcissant le soleil et empuantissant l'atmosphère. A chaque carrefour, il croisait des groupes d'ouvriers qui se rendaient à leur travail, des gamins des rues occupés à de petits travaux, mais aussi les silhouettes étranges d'Orientaux venus des lointaines colonies de la couronne : Indiens et Africains se mélangeaient, ajoutant encore à l'étrangeté du spectacle qui s'offrait à ses yeux. Chez les bourgeois, il examina aussi les évolutions de la mode : les redingotes serrées, les hauts chapeaux en forme de tuyaux, les tenues des femmes, élargies jusqu'à l'absurde par d'imposants jupons superposés. Comme il devait paraître vieux jeu, lui qui portait encore les longs cheveux du siècle dernier et ses chapeaux de quaker !"


Les premières pages sont assez ennuyantes et prévisibles, toutefois le récit gagne bientôt en dynamisme grâce à l'introduction du personnage principal de ce roman, un antique professeur retraité du monde - l'un de ces hommes si savants qu'ils abreuvent les légendes avant même leur mort. L'intrigue prend forme très rapidement, lorsque notre vieux sage cède aux supplications d'un de ses anciens amis et accepte d'investiguer aux frais de l'Etat dans des contrées étrangères. S'il semble au premier abord que l'on engage ce modeste retraité comme détective privé pour déjouer une tentative d'assassinat, l'investigation est vite dénaturée par d'incroyables événements tout auréolés de mystère ; néanmoins le respecté professeur, aussi tenace et rigoureux qu'il est intelligent, poursuit sa mission avec un flegme stupéfiant et typiquement britannique. Alors que d'étranges rencontres n'ont de cesse de le troubler, l'intérêt scientifique du vieil homme va crescendo et prend le pas sur sa démarche initiale, jusqu'à transformer son investigation en une quête fantastique, voire spirituelle...


Insidieusement, les frontières entre les genres littéraires s'effacent et le lecteur hésite, chancelle entre croyances, superstitions et faits avérés. Pris au jeu, l'on ne peut s'empêcher de suivre avec une passion grandissante les péripéties de ce sympathique bonhomme pour lequel on s'inquiète, s'interrogeant avec lui et souriant à ses aventures rocambolesques. Le personnage est attachant et le récit s'en nourrit, s'inspirant de sa démarche et de sa grande sagacité pour façonner une histoire lente mais néanmoins savoureuse, qui se construit sans précipitation ni lourdeur aucune et tire sa richesse d'une indolence profitable au récit qui prend ainsi le temps de s'édifier avec intelligence. 


"Le temple était la chose la plus belle du monde et, en vérité, cela était d'autant plus vrai que, merveille des merveilles, rien n'existait au monde que le temple, car en vérité, le temple était le monde tout entier.

Rien n'existait que le temple et tout ce qui aurait pu exister, tout ce qui pourrait sortir de la pauvre imagination des hommes, même des mains de l'artiste le plus inspiré, aurait pâli face à sa magnificence  car toute oeuvre humaine ne constituait qu'une tentative vaine et maladroite de reproduire le temple, ce qui était évidemment impossible.

Comment décrire le temple en employant des mots humains ? Aucune poésie ne saurait exprimer l'enchantement que sa vue seule procurait ; imaginez un arbre immense dont les racines puissantes s'enfonçaient jusqu'au plus profond de la terre, leur enchevêtrement délimitant les pays et les océans, les plaines et les montagnes, tandis que son tronc s'élevait majestueusement vers les hauteurs inaccessibles pour l'esprit humain.

Et là haut... Ah, si l’œil des hommes avait pu contempler ses frondaisons : elles enveloppaient les étoiles, elles étaient les étoiles, la Voie lactée. Le soleil et la lune ne pouvaient que s'incliner devant sa magnificence car, de là-haut, là où nul être vivant ne pouvait grimper, là où l'air manquait pour soutenir la pauvre vie d'ici-bas, les dieux vous contemplaient."

 

La première partie du roman offre quelques furtifs rappels de récits mythologiques qui se concrétisent de façon spectaculaire sous les yeux du lecteur et l'invitent à oser quelques pas dans un univers fantastique inattendu. Toutefois, les explications rationnels à ces apparitions surnaturelles affluent bien vite, trop vite même puisque je me suis surprise à ressentir une pointe de déception car non, hélas, le récit n'offrira pas de mises en scènes inédites de nos légendes ancestrales, pas plus que de sanglants combats entre les hommes et les créatures divines. Cependant, cette déconvenue est bien oubliée car Nicolas Bouchard a imaginé une histoire bien plus ambitieuse qu'un affrontement certes grandiose mais irréaliste et attendu. Ainsi, Panopticon entraîne le lecteur dans une enquête à mi-chemin entre réalité machiavélique et contes mirifiques, aux côtés d'un vieux savant intrépide qui va parcourir une petite partie du monde et vivre de nombreuses aventures passionnantes, parfois extravagantes et souvent dangereuses. Ma lecture m'évoquait alors les fameuses aventures de Jacques le Fataliste et son maître, ces inoubliables tribulations imaginées par Diderot au XVIIIème siècle - qu'il est bon de retrouver d'aussi succulents récits de voyage et, au gré de rencontres dans des auberges ou petits villages, de sourire aux mésaventures des personnages ! 


D'inspiration plurielle, ce roman surprenant multiplie joyeusement les clins d’œil littéraires au lecteur attentif. Ainsi, ce vieux détective anglais dont la sagesse et la perspicacité ont contribué à la renommée et qui se déplace avec nonchalance, le regard songeur et la canne à la main, m'évoqua naturellement le délicieux Hercule Poirot, ce fameux personnage imaginé par la talentueuse romancière Agatha Christie. Je fus réellement surprise par ce choix peu courant d'un personnage principal courbé par le poids des années, désintéressé de la gente féminine et indifférent aux profits financiers car seule lui importe la satisfaction personnelle d'une énigme brillamment résolue. Cette authentique curiosité intellectuelle fut tout à fait ravissante à lire et grâce à ce personnage patient et modéré, le rythme du récit demeura doux et presque caressant - comme si la personnalité du vieux professeur pénétrait les mots et les modulait à sa convenance.


"-Je ne me souviens que très peu de ma petite enfance. C'est une sorte de rêve assez étrange. Des images, encore que je sois persuadé qu'à l'époque, je n'y voyais pas. Mais comment savoir ? Cela remonte à si longtemps... Les souvenirs prennent parfois des apparences trompeuses. Vous savez, ces souvenirs que nous avons et qui remontent à une période très ancienne de votre vie : on les a tellement vus et revus qu'ils sont comme usés, passés, ..."

Bentham sourit :

"Des souvenirs, j'en ai de beaucoup plus anciens que les tiens. Mais je comprends ce que tu veux dire : en fait, au bout d'années et d'années, on ne se souvient pas vraiment de la scène à laquelle on a assisté, ni de l'image que l'on a vue. On ne se souvient que de son souvenir... dont la forme originelle disparaît peu à peu. A la fin, on n'en possède plus qu'un reflet. Comme l'esquisse d'un tableau de maître tracée par un dessinateur maladroit."

 

L'âge avancé de cet extraordinaire enquêteur permet également à l'écrivain d'orner son récit de petites touches de fantaisies colorées, car l'immense sagesse du personnage lui permet de dédramatiser des événements pourtant réellement tragiques. Ainsi, le professeur fait l'acquisition d'une vieille roulotte afin de produire un petit divertissement théâtral lui permettant de voyager sereinement à travers le pays, le spectacle fournissant à la fois le motif et le financement nécessaires à l'expédition. Le voici qui s'amuse à inventer une petite pièce, à construire quelques jolis décors et à peindre des affiches mystérieuses afin d'attirer le chaland : son enthousiaste est tel que durant quelques pages, l'on oublie le danger mortel qui le poursuit ! Les représentations de la petite troupe m'évoquèrent cet autre remarquable roman qu'est L'Homme qui rit, écrit par Victor Hugo au XIXème siècle. On retrouve dans Panopticon l'univers paradoxal, à la fois tragique et joyeux, dans lequel évolue des saltimbanques au cœur de leurs propres drames et qui inspirent tristesse, effroi et admiration à un public médusé. La ressemblance entre la figure féminine de ce roman, jeune fille maigre vêtue d'une longue robe blanche, et le personnage féminin de Déa imaginé par le poète français, toute aussi jeune, fragile et de blanc vêtue, est frappante ; toutefois, l'une voit le monde qui l'entoure sans le comprendre, aveugle à la vérité et piégée par des textes qu'on lui a enseignés, alors que l'autre est aveugle de naissance, mais cependant dotée d'une grande sensibilité aux êtres vivants ainsi que d'une rare compréhension de l'âme humaine. Nicolas Bouchard s'est-il amusé à imaginer une figure féminine aussi semblable et dissemblable à l'héroïne de Victor Hugo, ou n'est-ce qu'une simple coïncidence ? Quelque soit la réponse à cette question, j'ai pris du plaisir à relever les nombreuses références littéraires qui jalonnent ce roman et en démontrent agréablement la diversité stylistique !


Le récit s'amuse également de l'Histoire que Nicolas Bouchard semble bien maîtriser. Ainsi, il ancre son intrigue dans le passé post-Napoléonien dont il manipule avec audace les grandes figures historiques ainsi que les événements. Je me suis gentiment étonnée de ce que ce roman semble avoir été aussi divertissant à écrire qu'il l'est à lire ! Toutefois, l'écrivain n'a pas sacrifié la qualité de sa plume à son divertissement puisque l'écriture demeure efficace, le vocabulaire soigné et la syntaxe agréable : l'ensemble est cohérent et délivre agréablement l'histoire au lecteur. Les descriptions des personnages sont particulièrement réussies, et bien que l'intrigue soit originale et suscite la curiosité, ce sont les personnalités tourmentées des jeunes protagonistes, leurs passés aussi mystérieux que singuliers ainsi que leurs fascinantes capacités qui donnent de l'épaisseur et un véritable attrait à ce roman.


En conclusion, ce roman fut une authentique belle découverte ! Le rythme du récit est en parfaite adéquation avec les personnages et non seulement je ne me suis jamais ennuyée, mais de plus je me suis passionnée pour cette fabuleuse enquête et prise d'affection pour ces êtres hors-norme. Les lecteurs attentifs seront capables de déceler les différentes facettes de ce surprenant roman qui se termine comme un conte philosophique, offrant aux lecteurs de multiples pistes de réflexions sur la nécessité de l'éducation, le pouvoir des mots et les conséquences de la manipulation sur la vie d'autrui. 

 

 

Je remercie sincèrement les éditions Mnémos pour la confiance dont elles m'honorent, ainsi que pour cette agréable lecture !

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